My loneliness needs loveliness

l'île flottante

Ce matin j’ai rêvé qu’on me proposais du travail. Il était huit heures, je venais de passer une nuit blanche et je devais me présenter à neuf heures à l’entreprise, je tentais de me convaincre de quelques minutes de sommeil avant de partir. Puis je réalisai que je ne comprenais rien au texto reçu et je ne savais pas ou je devais me rendre. Je ne doutais pas une seule seconde du sérieux de cette envoie et tentais d’en déchiffrer la nature en dépit des fautes démesurées. Enfin, je réalisai que l’heure actuelle n’était plus 8h mais 15h, j’étais donc rassuré d’avoir toutes ces heures de sommeil disponibles devant moi. Les poules ont fortement caqueté derrière la porte, m’arrachant de ce rêve stupide.

Cette nuit les chats étaient tellement déchaînés que je me suis relevé pour en attraper deux et les flanquer à la porte, quelques heures plus tard ils étaient de nouveaux rentrés par leur passage intra-murale du cellier.

Hier j’ai remarqué la présence d’une mini-île flottante dans l’évier. De fabrication et réparation artisanale, ce dernier est fortement penché vers l’arrière, de telle sorte qu’une flaque d’eau continuellement croupie y demeure, régulièrement renouvelée par mes rinçages de vaisselle. Comme un marais-cage et il y a cette petite motte de terre qui y flotte, de l’herbe verte y a poussé, j’ignore ou elle a puisé la lumière suffisante à sa photosynthèse, ce gazon est un mystère. La terre s’y est accumulé grâce à cette manie que j’ai d’arroser mon palmier mourant à même le robinet.

Je suis arrivé à la moité de "windows on the world", roman contant le désespoir d’un homme coincé dans les étages supérieurs du world trade center après qu’un avion s’y soit écrasé. Je me suis surpris à sourire lors de la description des corps calciné, des jumpers qui s’écrasaient sur le sol en faisant un bruit de melon. Cette histoire est pourtant censé être dramatique. Je m’y sent probablement étranger bien qu’il s’agisse de faits réels. Ou plutôt, je ressent comme une forme de justice à la souffrance de cette poignée de millier de bourgeois coincés dans un four, ceux-là même qui sont indirectement responsables d’une misère internationale ô combien plus importante, mais qui perdurent au quotidien dans l’indifférence générale. Ma réaction avait été la même, quand j’avais dix-huit ans, revenant du lycée et que mon cousin m’avait appris la nouvelle de l’attentat des tours, j’étais content. Ces symboles du capitalisme prédateur qui s’effondraient. Peut-importe qui en était réellement responsable, comment, pourquoi, peut-importe. Des traders, des apprentis maître du monde, sans pitié des conséquences planétaires désastreuses de l’aveuglement de leurs ambitions personnelles. Mais qui pouvait être assez hypocrite ou fou pour déplorer leur souffrance et leur disparition ? Ce même jour, le 11 septembre, une quantité beaucoup plus grande de crève la faim étaient morts eux-aussi, à travers le monde, comme tout les jours, mais personne ne souhaitaient en entendre parler.