My loneliness needs loveliness

Retour au bercail éméché

Lyse m’a relancé est finalement je suis sorti ce soir. Je craignais de n’avoir rien à dire et d’être désagréable à cause de ses derniers mois passés isolé, mais finalement non, j’étais normal. Une bien moins bonne résistance à l’alcool en revanche. Juste trois verres de bière et j’étais à ma limite. Avant de rentrer j’ai remarqué que mes lunettes étaient sur le point de lâcher, la réparation de fortune avec le scotch ne tenait plus et le verre gauche menaçait de choir d’une seconde à l’autre, j’ai donc remis mes lunettes dans ma poche et j’ai enfourché mon vélo dans un brouillard complet. C’était bien pire que ce que je pensais ! Je ne voyais rien, je manquais de me prendre les poteaux et j’ai failli rentrer dans des passants. Je confondais les ombres sur le sol avec les murs et les barrières, et inversement. Je suis cependant rentré à bon port sans encombre.

Une heure et quart du matin, je n’ai pas vu la soirée passer. L’alcool m’est fort monté à la tête… c’est dingue, cela fait un mois que je n’ai presque rien bu et ma résistance est retombée super vite. Était-ce du à cela ? sur le retour, pédalant dans le néant, je me suis surpris à proférer des paroles désagréables, presque haineuse, envers Émilie, en temps normal je niais aussitôt et m’autoflagelais mais là je ne revenais pas en arrière… Elle a réussi son coup, elle a eu sa vengeance mesquine, celle de me rendre accroc et de me faire souffrir comme elle a souffert, mais sa putain de souffrance n’a rien été en comparaison. La mienne durera encore des années. Je ne sais combien. Elle durera des années. Elle m’a brisé en miette. Elle m’a baisé dans tout les sens du terme. Elle s’est foutu de moi à un point pas imaginable et moi j’ai été d’une naïveté pitoyable. Je ne veux plus laisser la moindre ouverture à personne. Existe t’il un traitement ? une drogue ? n’importe quoi qui puisse me rendre insensible aux charmes du sexe opposé ?

Mais merde… si seulement je ne l’avais jamais connu, si seulement j’avais eu la présence d’esprit de ne pas jeter mon regard dans le sien, de ne pas lui rendre son sourire, de l’envoyer chier comme je le fais toujours avec toutes les filles quand elle est venu m’aborder… Pourquoi je me suis laissé faire ? Pourquoi j’y ai cru ?

Sans Émilie il n’y aurait pas eu Sandrine ni Maggy, ni Émilie de nouveau. Il n’y aurait rien eu. Je serais resté sur mon idée de célibat éternel. Rien d’autre de valable pour moi. Rien. Je suis une fucking merde maintenant. Je ressent ce fucking manque.

Laissez moi une chance, bon dieu, laissez moi une chance. Faites donc moi tomber amoureux, pire encore, une dernière fois, que je sois amoureux encore pire que tout, que je le sois au point de devenir fou pour de bon, que je ne retombe plus jamais sur mes pieds, qu’elle me largue, que je devienne barge, que je me jette sous un train, une bonne fois pour toute, que je me noue une bonne corde et me brise la nuque, une fois pour toute, que je me flingue la cervelle, and spray this brain all over the place, que je me noie, que je me vide de mon sang, que je crève comme un bête ou like a shit. Rien d’autre de valable. Que je retrouve juste ce putain de courage infini que je ressent lorsque je suis en amour à fond et que je m’en serve pour me foutre en l’air. Il faudra bien crever à un moment ou à un autre de toute façon.

Il est trop tard, je ne reviendrais plus en arrière, sans toi Émilie j’aurais peut-être réussi à construire quelque chose pour moi, j’aurais cherché l’autosatisfaction. Je ne me serais pas laissé aller de cette manière, à croire qu’il n’est nul lieu d’exister si ce n’est pour elle, tout, tout, tout pour toi, pour moi rien, je ne vaut rien, pour toi tout, jusqu’à la lie, la dernière goute de sueur, de sang, pour toi.

God, fucking let me die…