Qu'il en soit ainsi
Je viens encore de rêver d’Émilie. Je pensais que c’était fini tout ces rêves. C’est fou. Ça fait pourtant six mois qu’on ne se voit plus.
Celui-ci n’était pas tout à fait comme les autres. Elle me passait un coup de fil pour me donner rendez-vous en ville. On se voyait, dans le normal, dans un genre de bar mitoyen à ce qui ressemblait à une bibliothèque ou une université, qui appartenait manifestement à une grande résidence. On se parlait normalement, puis à un moment nos mains se touchaient et elle comprenait à mon regard combien j’étais resté amoureux d’elle. Elle tournait les talons et quittait les lieux en toute hâte, je tentais de la suivre mais elle allait trop vite et je ne pouvait pas la rattraper. Juste avant qu’elle ne prenne un tournant dans un couloir de ce bâtiment énorme je lui criais un "je t’aime" puis elle disparaissait au loin.
La suite du rêve est chaotique et manifestement empreinte de jeux-vidéo. Plusieurs map, lieux ésotériques, coordonnés et point de rendez-vous. Plus d’Émilie. Je me retrouve de nouveau sur les lieux de mon désarrois, dans le jardin face à l’entrée du bâtiment imaginaire dans lequel on s’est perdu de vue. Sentiment qu’on s’était vu plusieurs fois ici. Je n’avais rien senti venir au téléphone, c’est quand on s’est vu que tout mes sentiments sont remontés à la surface et l’ont fait fuir, comme une tentative d’amitié corrompue. Plus d’Émilie. Je suis dans ce jardin qui s’étend à perte de vue, fontaine, buissons, dénivelés, ruisseaux. Jeux vidéo : je combat un sanglier à la manière de Link dans Zelda. Je ne le tue pas, je ne lui fait rien en fait. Puis je retourne à l’accueil du bâtiment pour papoter avec un majordome qui m’explique qu’il ne faut pas tuer les sangliers, qu’ils sont la propriété du propriétaire des lieux. Je lui dis que justement je ne leur faisait rien mais il m’engueule quand même. Je m’en vais, vexé. La suite est brouillée et n’a ni queue ni tête.
Ce rêve ressemble a une synthèse métaphorique de ce qui a eu lieu avec Émilie cette année.
J’ai beaucoup changé en quelques mois, le cursus habituel suit son court. Sensation de manque familière à laquelle on s’habitue avec le temps. D’abord vive, puis au fil des mois cela devient doux. I cherish my loneliness. Dès que cela devient doux je recommence à glorifier le célibat. Je me vante de mon statut de célibataire volontairement et résolument éternel. Je nargue celles qui tenteraient encore un peu de séduction avec moi. Ce qui d’ailleurs doit être troublant pour elles, vu que quelques mois auparavant c’était tout l’inverse : j’étais un crève la faim de la souffrance affective. J’aurais pu m’amouracher pour n’importe laquelle qui aurait insisté suffisamment. État dangereux qui aurait pu m’amener dans toute sorte de galère. A présent le cap est passé (enfin j’espère). Je les renvois chier comme je le faisait avant.
Je n’en suis pas encore tout à fait conscient pour le moment, mais d’ici quelques mois, je repenserai à tout le cirque que j’ai fait et ça me fera halluciner "Quoi ? Moi j’ai fait ça ? C’est dingue..."
3 mois pour s’aimer
6 mois pour souffrir
1 an pour s’en remettre
5 ans pour oublier
5 minutes pour retomber dans le panneau…
L’état d’esprit évolue. Dans 5 jours je serais à 1.000 kilomètres d’ici. A sa grande habitude, l’eau continuera de couler sous les ponts. N’oublies jamais ça Seb : aucune ne peut t’avoir et aucune ne t’auras !