Le temps qui passe n'arrange rien.
Je suis revenu à mon point de départ, avec 4 années de plus. J’ai tout fait, je pense, pour que ça marche entre nous. On est resté ensemble pas loin de 2 ans. Un record pour moi. Mais la persévérance à ses limites.
La fuite, appelons la ainsi ou autrement, était inéluctable. J’ai enduré jusqu’au maximum. Je suis parti avant de devenir mauvais à force d’encaisser. Je me souviendrais toujours de ses larmes sur le pas de porte, la dernière fois que je l’ai vu de mes propres yeux avant que je parte sans me retourner. Ce souvenir ne manque jamais de me mettre les larmes aux yeux.
Je suis revenu à mon point de départ, je n’ai pas le sentiment d’avoir appris quoi que ce soit d’utile.
Je suis revenu dans cette maison mainte fois abandonnée, dont l’état n’a jamais cessé d’empirer. Cela fait plus de 13 que j’habite ici. Inéluctablement je mourrai ici comme mon père, dans la solitude.
J’ai tellement vivoté sur mes acquis ces quatre dernières années. Si je ne me motive pas je n’aurais bientôt plus rien. Mais qu’il est dur de sortir de ces mécaniques d’isolation. Il s’agit de ma solution à tout : replis, isolation, je m’affranchi de la réalité environnante pour créer mon monde, jusqu’à ce que celui-ci m’étouffe et me tue.
Je suis resté deux ans avec elle, pourtant je savais des le départ que cela ne fonctionnerait probablement pas. Ce que je ressentais pour elle n’atteignait pas la cheville de que je pu ressentir pour d’autres femmes. Aurais-je du renoncer plus tôt ? j’ai voulu essayer coûte que coûte, quitte à rater, autant rater ensemble.
Je ne la supportais plus, jours après jours sa présence m’était devenu intolérable. Et elle m’aimait comme au premier jours, sans condition. Je l’ai abandonné à son triste sort. Je comprends ce qu’elle ressent car je suis passé par là moi aussi.
Je recommence. J’ai envie de mourir. Je me réveille chaque matin avec milles questions, milles souvenirs, et les habituelles larmes. Je suis comme il y a quatre ans, la douleur est moins vive mais elle est restée la même, et les conclusions de mes dialogues solitaires sont les mêmes : ma vie s’est arrêté en juin 2012, tout ce qui a suivi n’est que prologue inutile et risible, comme une série télévisée qui durerait trop longtemps.
J’ai abandonné ma solitude pendant pas loin de deux ans, elle m’avait tellement manqué. J’en ai profité les premières semaines, retrouvé le centre de mes émotions, puis de nouveau je me laisse engloutir. Je n’ai plus envie de rien, je ne vois pas quel leitmotiv pourrait me sortir de là.
Je repense toujours à Emilie, toujours la même rengaine, j’ai raté la femme de ma vie, ma vie est un échec. Point. Il n’y a pas d’autres alternative. je me connais assez pour savoir que je ne connaitrais personne d’autre. Ce qu’il s’est passé avec Céline pendant ces deux ans était attendu, je l’avais prévu. Je me remémore ces pensées d’entant : "tu connaitras sûrement d’autres femmes mais aucune ne t’apportera le bonheur".
Céline m’a un peu consolé d’Emilie, le temps que je suis resté avec elle, dorénavant que je suis seul de nouveau la douleur du manque s’est exacerbée, même si le quotidien semble plus tolérable. Mieux vaut être seul que mal accompagné, ou encore : "Ca fait peut-être mal au bide mais c’est bon pour la gueule" comme dirait Renaud.