My loneliness needs loveliness

Le jour et le rêve, la nuit et l'ennui

Les bouchons de cérumen ont pris de l’ampleur dans mes oreilles. J’ai d’abord pensé que c’était handicapant puis j’ai apprécié de plus en plus ce silence autours de moi. Le téléphone ne me réveille plus quand je dors, ni les chats quand ils grattent leur litière, ni même les poules quand elles manquent de grain. Les vagues bruit de moteur de voiture, au loin, qui attestaient parfois de l’existence des humains se sont tus eu aussi…

J’ai arrêté de fumer, cela fait maintenant trois semaine que je m’y tient… Étrange décision, en premier lieu imposée par ce gros rhume qui m’est tombé dessus. Ensuite j’ai vu la facilité que c’était et j’ai continué, avec un intérêt d’expérimentation scientifique. La première journée fut d’une dépression carabinée, la semaine suivante une excitation et un entrain plutôt agréable. Puis les deux semaines qui ont suivi jusqu’à maintenant n’ont rien révélé de particulier, hormis un régime alimentaire beaucoup plus sain et varié, arrêter de fumer finalement cela ne casse pas des briques ! Mais il fallait bien que je m’y mette, après 12 ans et demi de cette étrange habitude. Étrange sentiment de vouloir revenir en arrière, avant mes 17 ans, quand je ne fumais pas, ne buvais pas de café ni d’alcool, ne tombais pas amoureux. Le café, l’alcool et la fume, ont été arrêté net et sans difficulté, le reste devrait suivre.

Finalement j’y suis ! Cinq mois après la déchirure, j’ai enfin cessé de rêvé d’elle. J’ai d’abord rêvé d’autres femmes, réelles ou imaginaires jusqu’à rêver de situations ou le romantisme et la séduction disparaissaient peu à peu.

Deux rêves distincts cette nuit :

Dans le premier, il semblait qu’une émission de télé-réalité décidât de faire venir du monde chez moi le temps d’une soirée. Un peu forcé je finissais par accepter mais sans rien changer à mes habitudes de vie, il était hors de question de faire bonne figure devant eux. Ces gens de bonne éducation et au sens morale très commun semblaient manquer de respect face à ma volonté de ne pas leur ressembler : ils abimaient mes affaires sans vergogne, entre autres, je retrouvais ma guitare en morceaux… Plus tard, j’étais devant chez moi en train de garer une voiture. Moi qui n’ai jamais possédé de véhicule et qui n’ai jamais eu de permis de conduire, je me retrouvais avec 2 voitures à garer, étrangement j’étais très habile aux manœuvres, la voiture en piteux état avait été garée et je finissais de m’occuper de la voiture en bonne état. Mais il semblait que certaines personnes mal intentionnées cherchaient à me nuire à côté de moi, le long du trottoir. Je me réveillais, déçu de ne pas posséder de voiture mais soulagé que ma guitare soit en bonne état.

Le deuxième ressemblait à une scène de cinéma. Au début j’étais une fille dans un bar de nuit qui cherchait bagarre avec des mecs, après en avoir rossé quelques uns je me retrouvais face à un costaud qui m’avait fait voler à travers la pièce. J’atterrissais sur un type en train de danser puis je devenais lui. Changeant de caractère subitement, passant d’agressif festif à pacifique diplomate, je devais me tirer de cette mauvaise situation dans laquelle cette fille, auparavant moi, m’avait mise. Entre autres mecs qui voulaient me casser la figure, figurait ce type très costaud, sûr de lui, qui avançait vers moi lentement. Je saisi une barre de fer et lui assenai un coup sur l’épaule, hélas la barre ferrée se plia en deux et le gros balaise ne cilla même pas. Au centre du bar tout les danseurs et poivrots s’étaient réuni collés les uns aux autres, et moi je tournais autours d’eux pour tenter d’échapper à mon poursuivant. Je fini par me jeter à travers une vitre et me retrouvai face à mon véhicule (encore) dans lequel je grimpai en toute hâte et démarrai en trombe, échappant de justesse aux hommes qui me poursuivaient, lesquels avaient été préalablement malmenés par cette fille qui avait disparu avant de devenir moi.

Je ne rêve plus d’Emilie mais son souvenir me revient sans cesse dès le réveil, comme autant de joutes électriques me punissant de n’avoir su refuser ses avances. Je tente de me réaddicter aux jeux vidéos en ligne mais cela devient de plus en plus difficile. Comme une drogue : j’essaie de retrouver mes premiers émois en vain.

Je n’aime pas sentir quand le soleil se lève, je n’aime pas me souvenir de toutes ces choses que je devrais faire mais que je remet indéfiniement au lendemain. Pendant un temps j’ai souhaité me décaler pour me lever au petit matin. A présent je réalise la chance que j’ai de pouvoir profiter de la nuit complète. Levé à 22heures, couché à midi. A quoi bon ?

Je suis toutefois sorti pour faire quelques courses, je ne manquais pas de grand chose mais j’ai ressenti le besoin de sentir des regards posés sur moi. Je ne voulais pas les voir mais je voulais qu’ils me voient. Dans le tramway j’ai bouquiné ce livre assez désagréable mais justement satirique de Frédéric Beigbeder, les cheveux qui me couvraient presque entièrement le visage, le foulard noir aux crânes blancs, cadeau d’Emilie devenu mon chouchou, enroulant mon coup, mes lèvres et mon nez, les lunettes tordues à la monture brisée, scotchée, jean baggy trop large et rapiécé à force de marcher dessus avec mes talons, chaussures de sécurité, veste de travailleur industriel. Agréable sentiment de ne ressembler à rien, de susciter les regards interrogateurs autour de moi. Bien que le lundi matin, les gens sont trop zombifiés pour faire attention à leurs semblables ou leurs dissemblables.