My loneliness needs loveliness

Redondance sonore

Le son se répète à l’infini, à heures régulières. J’ai d’abord été surpris, puis j’ai vite saisi l’étendu du problème. A chacune de ses répétitions je me sent attaqué, détruit à petit feu.

Je pensais être quelqu’un de bien, de moral. Mais les infimes contrariétés de la vie quotidienne m’ont amené à réviser ce jugement. J’ai réalisé comme il était facile de croire en la possibilité du bien en chacun d’entre nous. Croire que les difficultés sont facilement évitables. Elles ne le sont pas.

Ce que tu crois avoir acquis peut t’être dépossédé à n’importe quel moment, sous n’importe quelle condition, la plus légère soit-elle.

Le son se répète à l’infini, il te ronge de l’intérieur. Une nouvelle croissance dont tu ne soupçonnais l’existence se mue en toi. Tu n’aspires en rien, tu ne souhaites que te terrer jusqu’au terme de ta décrépitude. Mais ce rien est encore trop. Tu n’y accèdes plus.

Tu crois pouvoir revenir aux bases fondamentales pour avancer de nouveau en démarrant de rien. Mais les années ont passés et les choses ont changées. Ce qui est un bien pour certains est un mal pour d’autres.

J’ai fuit cette situation insupportable, je suis revenu aux fondamentaux, je pensais y retrouver un certain bien-être, dubitatif cependant, j’y croyais. L’échec d’un quotidien trop répété me paraissait la seule ombre au tableau. Elle ne le fut pas. Le mal vient toujours de là ou on s’y attend le moins.

Le son se répète à l’infini, même lorsqu’il se tait, je l’entends encore, il résonne et m’assène l’ignominie de ma propre personne, prête à se défendre, défendre son propre bien-être, même au pris de celui des autres. Que me reste-t-il ? Aucune pensé, aucune philosophie n’a de réponse tangible.

Aucune excuse, aucune échappatoire n’est possible. Il ne reste que l’entièreté du mal qui me ronge, moi, être inutile, au combien détaché et solitaire, sans aucune volonté d’apporter sa pierre à l’édifice, refusant la moindre implication. Insipide et solitaire, n’approchant le sublime qu’au sein de sa propre personne, de sa propre réflexion.

Le son se répète à l’infini, et il n’est rien que je puisse faire, autrement que part le déferlement d’un torrent de haine. Je voudrais vous voir mourir, à mes pieds, sentir votre incompréhension et votre souffrance sous les coups de mes mains. Votre agonie sera brève car je serais vite repu de votre souffrance. Mon ambition se retrouvera en l’endroit de votre mort, dont l’exécution me remplira de joie. La victoire du bien contre le mal. Le seul véritable mal qui existe, celui qu’on subit. Il sera anéanti, sous le poids de mes coups. Il renaitra sous peu mais cette victoire éphémère m’emplira de joie.

Je me sais pathétique d’exulter d’une exécution si primitive. Je me retrouve aux endroits les plus sombres contre lesquels je pensais lutter depuis toujours. N’était-ce qu’une jolie histoire que je voulais me raconter ? Pour me rassurer que chaque chose à son lien de causalité ? Qu’il ne découlera que du positif d’une action positive ? Il ne découle qu’un équilibre anarchique qui se moque bien de la souffrance ou de la joie. La notion même d’un bonheur pour tous est une hérésie. Mets un terme à ton existence si tu ne peux mettre un terme à cette idée.

Un imbécile à proféré un jour que le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les laisse faire sans réagir. A-t-il seulement réfléchi une seconde que le mal dont il parlait est l’essence même de la vie ? On pourrait s’accorder à dire que l’être humain est un animal détraqué, qu’il s’encombre d’état d’âme et cogite sur l’étique du bien ou du mal que ses actes engendrent. Là ou l’animal s’en contrefiche et ne considère le bien et le mal qu’au sein de sa propre personne. Mais l’être humain agit exactement de la sorte, il s’encombre d’état d’âme mais agit de la même sorte. Il se trouve des excuses pour justifier ses actes mauvais, mais il agit pareil.

Le son se répète à l’infini, c’est lui ou moi ! Légitime défense, je trouverai toujours une excuse pour justifier mes actes néfastes. Comme les responsables du son ont leurs propres excuses tout autant louables. Mais il n’empêche que le mal demeure de par la coexistence de mon bien et du vôtre. Et qu’il n’est nul solution profitable à tout les deux : soi je me crève les tympans ou soi je vous transperce le crâne. J’y viendrais sous peu à mesure que le son réveille en moi des décharges d’adrénalines dont je ne contrôlerai pas éternellement les méfaits qu’elles vous apporteront, et les bienfaits qu’elles me procureront.

Les infimes contrariétés du quotidiens sont les pires, en plus d’avoir des conséquences désastreuses à long termes, elles révèlent ce qu’il y a de plus mauvais en vous.